Névrose obsessionnelle et piété

Pour illustrer la théorie de Freud selon laquelle la névrose obsessionnelle et la pratique religieuse sont de même essence (deux symptômes liés à la notion de tabou) je citerai le cas d’une patiente qui présente une alternance cyclique de piété superstitieuse et d’états obsessionnels. Tant qu’elle « va bien » (c’est-à-dire tant qu’elle est dépourvue de symptômes obsessionnels), elle observe rigoureusement tous les rites de la religion ; souvent même — fait étrange — elle observe aussi ceux prescrits par d’autres religions que la sienne et honore toute superstition qui parvient à sa connaissance. Dès que les symptômes obsessionnels redoutés apparaissent, elle devient incrédule et irréligieuse. Voici comment elle rationalise ce fait : « Comme Dieu (ou le destin) ne m’a pas protégée du retour de la maladie malgré ma stricte observance de tous les préceptes, j’abandonne les précautions inutiles. » En réalité, pour des raisons dont elle est inconsciente, religion et superstition perdent toute utilité pour elle dès qu’elle commence à cultiver sa « religion personnelle » (la névrose obsessionnelle). Cependant, lorsqu’elle va mieux, les pratiques superstitieuses et religieuses socialement reconnues reparaissent et elle redevient croyante. J’ai toute raison de supposer que les périodes obsessionnelles correspondent à de fortes poussées de la libido.