À propos de « la représentation des personnes inconnues et des lapsus linguae » (Claparède)1

À la suite de l’article de Kollarits, Claparède relève que chez des individus à audition colorée la teinte qui accompagne la sonorité verbale peut contribuer à la formation de l’image qu’on se fait d’un inconnu à l’audition ou à la lecture de son nom. Dans des cas de ce genre, toute explication freudienne serait selon Claparède superflue. (Sans doute, dirons-nous, mais la synesthésie elle-même et sa « coloration » individuelle requièrent l’explication freudienne.) L’hypothèse que le témoignage puisse être faussé par l’audition colorée du témoin nous paraît être une indication nouvelle et intéressante.

La manière dont Claparède explique deux lapsus linguae qu’il a lui-même commis révèle une légèreté inhabituelle chez cet auteur. Il dit un jour teinture d’iode au lieu de teinture d’opium, et une autre fois bismuth au lieu de magnésium. Explication : la teinture d’iode et la teinture d’opium sont tous deux des liquides bruns ; le bismuth et le magnésium, des poudres blanches. « Devrais-je supposer avoir eu le secret désir de constiper le patient qui voulait être purgé ? » demande Claparède qui répond négativement. Nous ne pouvons lui donner de réponse ferme mais seulement constater que ce fut la première chose qui lui vint à l’esprit quand il voulut expliquer son lapsus.

 


1 Archives de Psychologie, Tome XIV, août 1914.