Psychanalyse d’un cas de fétichisme du pied et du corset1

Jusqu’à ces dernières années l’investigation psychanalytique n’a pas consacré une attention particulière aux problèmes posés par le fétichisme. Dès la première édition des Trois essais sur la théorie sexuelle, Freud lui assigna une place particulière aussi bien parmi les anomalies sexuelles que parmi les névroses. Mais une expérience accrue nous a montrés que dans un nombre non négligeable de cas, le fétichisme et la névrose se rencontrent chez le même individu. La deuxième édition des Trois Essais mentionne que Freud discerne dans la constitution des phénomènes fétichistes une forme originale de refoulement (« Refoulement partiel »). Il revient ainsi sur l’opposition qu’il affirma précédemment.

Le cas que je rapporterai, l’analyse d’un fétichisme de la chaussure et du corset, m’apporta des données sur la pathogenèse de cette forme de fétichisme ; d’autre cas confirmèrent mes conclusions.

Il convient d’admettre le terrain de base d’une constitution sexuelle particulière caractérisée par la force originellement anormale de pulsions partielles définies. Le complexe de manifestations qui nous intéresse croit sur cette base du fait de la conjoncture de deux facteurs : le refoulement partiel déjà mentionné et un processus de déplacement qui demande une étude plus précise2.

Le patient dont je rapporterais brièvement le cas était âgé de vingt-deux ans au moment de l’analyse. Il poursuivait des études. Il me remit au début de la cure une autobiographie qui traitait tout particulièrement de sa sexualité. De cet écrit, il ressort que le patient se différenciait de ses contemporains, au temps de sa puberté, du fait que leur intérêt pour le sexe féminin lui demeurait étranger. Mais il n’éprouvait pas plus d’inclination amoureuse au sens ordinaire pour les hommes. Il ne parvint que très tardivement à une connaissance consciente des faits essentiels de la vie sexuelle. Parvenu à ce degré d’information, il se présuma impuissant. Il éprouvait une forte aversion pour les plaisirs masturbatoires que s’octroyaient les autres jeunes gens de son age.

Son intérêt sexuel prit une autre direction. À quatorze ans, il commença à se ligoter ; il répétait cet acte chaque fois qu’il se trouvait seul chez lui. Il se complaisait à des lectures traitant de ligotage, en particulier à des histoires d’indiens ou les prisonniers sont attachés et torturés mais il ne tenta jamais de ligoter quelqu’un d’autre ; il n’était pas davantage tenté de subir ce procédé.

Au cours de sa quinzième années, il vit dans une station balnéaire un garçon de huit à dix ans dont les chaussures élégantes attirèrent son attention. Il écrit dans son autobiographie : « À chaque rencontre où je pus observer ces chaussures, j’éprouverai de la joie et j’attendais cette occasion. » Au retour des vacances, il s’intéressa aux chaussures élégantes des autres écoliers. Bientôt cet intérêt se déplaça aux chaussures féminines et devint une passion. « Mes yeux étaient attirés comme par une force magique par les chaussures de femmes … Une chaussure inélégante me répugne et m’emplit d’effroi. » La vue de belles chaussures de femmes lui fait vivre une « joie intime ». Ce sentiment de bien-être se transforme parfois en une excitation violente, lorsqu’il s’agit de chaussures vernies à hautes talons comme en portant fréquemment les demi-mondaines. Il est excité non seulement par la vue, mais par le sentiment très vif de l’inconfort de telles chaussures. Pour acquérir l’expérience vécue d’une pression pénible des pieds, il intervertissait fréquemment ses propres chaussures, contraignant le pied droit dans le soulier gauche et le pied gauche dans le droit.

Peu après, il s’intéressa aux corsets. À seize ans, ils s’empara d’un vieux corset de sa mère, le laça étroitement et le porta plusieurs fois sous son complet. Sa description est caractéristique : « Lorsque je vois des femmes et des jeunes filles étroitement lacées et que j’imagine la pression du corset sur la poitrine et le ventre je parviens à des érections. À plusieurs reprise j’ai éprouvé le désir d’être une femme bien lacé dans un corset, porter des souliers à haut talons et demeurer sans être remarqué, devant des magasins de corsets. Comme ce n’est pas possible, l’un de mes désirs les plus chers serait de porter des vêtements féminins, des corsets et des chaussures de femme. »

Cette attention pour les chaussures élégantes ou les tailles serrées devint la principale activité sexuelle du patient. Cet intérêt tint la première place dans des rêveries diurnes très animées. Les rêves érotiques de la nuit concernaient des corsets et des laçages, etc. Nous avons indiqué que les lectures préférés du patient avaient un caractère sadique.

Le malade avait tu ses penchants jusqu’à ce qu’il reçut le conseil d’un spécialiste qui me l’adressa en vue d’une psychanalyse. J’étais sceptique à l’avance sur le résultat thérapeutique.

Les causes accidentelles auxquelles la littérature prête une importance étiologique dans la constitution de penchants fétichistes ne peuvent pas être décelées dans ce cas. Il est impossible de considérer comme un traumatisme psychique le fait que le petit garçon put regarder sa mère lorsqu’elle revêtait son corset. Indiscutablement, l’intérêt pour le corset maternel, plus tard pour les chaussures d’un garçon, exprimait déjà la perversion. Aucune valeur étiologique ne peut revenir à ces événements.

L’extraordinaire dépréciation de l’activité sexuelle est frappante dans ce cas et ceux qui en sont proches. Aucun acte sexuel, si l’on exclut les essais de laçages et de ligotages entrepris auparavant. Le patient n’a jamais tenté de réaliser une convoitise sadique ou autre sur une personne ; ses souhaits n’ont obtenu qu’une satisfaction strictement fantasmatique, il n’a jamais franchi les frontières de l’auto-érotisme.

L’activité génitale est aussi imperceptible que le voyeurisme sexuel est intense. Mais il est également dévié de son domaine véritable. Il ne s’adresse pas à l’impression reçue de l’ensemble du corps d’autrui ni aux caractères sexuels primaires ou secondaires, mais à certaines parties de leur vêtement. Non point au corps nu, mais à son enveloppe. Là même il est limité au pied et au vêtement enserrant la partie supérieure du corps chez la femme. Le désir sexuel n’excède pas leur contemplation. Il s’agit de la fixation à un but sexuel préalable (cf. Trois essais sur la théorie sexuelle). Cependant, la vue des chaussures féminines ne suscite de plaisir que si leur forme et leur finition sont élégantes ; grossières, laides, elles n’éveillent que le dégoût. On trouve donc, à coté de la tendance à la surestimation sexuelle du fétiche, une tendance au refus affectif comme chez le névrosé. Les exigences esthétiques dont le fétichiste de la chaussure est coutumier témoignent d’un besoin intense d’idéalisation de l’objet.

La réduction de l’activité sexuelle, la satisfaction de la pulsion par les plaisirs préliminaires ne permettent cependant pas de conclure à une faiblesse primaire de la libido. L’analyse des névrosés montre clairement la paralysie par refoulement d’une pulsion excessive à l’origine. Il en est ainsi pour notre cas de fétichisme. Le matériel très riche que nous ne rapporterons que partiellement, nous convainc de la force anormale des composantes pulsionnelles actives sadique et voyeuriste. Ces deux pulsions, intimement « engrenées »(Adler), succombèrent ensemble au refoulement.

Mais d’autres pulsions partielles furent touchées par le processus du refoulement. L’exigence d’une valeur esthétique de l’objet sexuel nous avertissait du fait que les buts originels de la libido devaient être de ceux qui paraissent particulièrement inesthétiques et répugnants à l’adulte normal. Mon attention avait été attirée par un aspect de la vie pulsionnelle avant que je n’entreprenne cette analyse. Une communication privée du Pr. Freud m’apprit que ses observations le faisaient conclure à un rôle spécifique du refoulement des plaisirs coprophiles dans la psychogenèse du fétichisme du pied. Mes investigations le confirmèrent. Il se révéla que dans ce cas aussi, le plaisirs aux odeurs corporelles « répugnantes » avait été d’une force inhabituelle. Le refoulement commun des plaisirs coprophiles (sentir), du voyeurisme et de l’activité sexuelle conduisit à des formations de substitution ; celles-ci justement confèrent au fétichisme du pied ses particularités propres.

Il est des cas de fétichisme où l’anomalie sexuelle s’exprime par un plaisir non refoulé, c’est-à-dire parfaitement conscient, aux odeurs répugnantes. Ce fétichisme de l’odorat concerne fréquemment les émanations du pied ; le voyeurisme y trouve également son compte. Dans le cas que j’analysais, j’appris que le patient avait parcouru ce stade de fétichisme de l’odeur. Puis il y eut cette étrange modification : le plaisir de sentir fut refoulé et la scoptophilie fut sublimée en plaisir à voir une chaussure esthétique.

Mais comment ces pulsions à voir et à sentir réussissent-elles à s’adresser au pied en place des organes sexuels et de leurs sécrétions ?

L’expérience permet de supposer que l’intérêt pulsionnel initial s’adressait à la zone génitale mais que d’autres zones érogènes vinrent la concurrencer. Une telle prédilection pour d’autres zones érogènes (bouche, anus, etc.) est courante dans les anomalies sexuelles, de même nous apparaît-elle dans l’analyse des névrosés et dans les rêves.

Effectivement l’analyse montre que la zone anale concurrença précocement la zone génitale, que l’intérêt sexuel proprement dit recula devant celui qui concernait les excrétions. Enfin la puberté fut marquée d’un refoulement de même direction (féminin). Le patient persista longtemps dans des contemplations infantiles qui conféraient au processus d’excrétion la valeur de fonction sexuelle. Ses rêves montraient un symbolisme correspondant : pour autant qu’il ne se trouvait déplacé au pied, son plaisir de voir et de sentir concernait l’élimination des urines et des selles et les produits excrétés.

Les premiers souvenirs infantiles du patient étaient des impressions olfactives et en second lieu seulement des visages. Je mentionnerai les idées obsédantes qui surgissaient lorsque je dirigeais le patient vers sa prime enfance. Il se rappelait alors les odeurs d’iodoforme et d’acide acétique dont sa mère faisait usage. Une association fréquente concerne une scène se déroulant dans une station balnéaire : le patient revoir sa mère avançant dans l’eau. Par la suite, la signification de cette scène s’éclaira. Le garçon s’était sali ; la mère le conduisait au lac pour le laver.

L’enfance plus tardive fourmillait aussi de réminiscences olfactives : par exemple l’odeur agréable du paquet de cheveux trouvé dans la chambre de sa mère ; l’odeur des aisselles maternelles qu’il poursuivait à travers ses cajoleries. Citons enfin le souvenir précoce de la jeune sœur allaitée par la mère, alors qu’il approche sa bouche de l’autre sein, l’odeur du corps de sa mère le remplit d’aise.

La tendresse du patient pour sa mère le prolongea jusque vers sa 10ème année. Jusqu’à cet age, il se glissait fréquemment dans son lit. Puis cet attrait fit place à une répulsion. Il éprouva péniblement l’odeur des femmes. Par ce refoulement, son intérêt sexuel cessa de concerner le sexe féminin et s’adressa à l’objet masculin le plus proche - à son père.

L’intérêt pour les excrétions s’immisça de façon remarquable dans ce transfert. Il est vrai que certaines particularités du père provoquaient l’intérêt particulier du garçon pour ces processus. Le père avait coutume d’uriner devant les enfants. L’imagination du garçon fit sien tout ce qui concernait ces fonctions chez lui et chez son père3.

Cette évolution est étroitement liée au désir du patient d’être une femme. Comme je l’ai dit, ce désir subsista jusqu’à la puberté. Mais consciemment ce n’était pas un désir d’assumer les fonctions sexuelles de la femme. Le patient désirait bien plutôt « pouvoir porter des souliers à lacets, des corsets et contempler tranquillement les étalages ». Nous avons dit qu’à la puberté il porta effectivement quelquefois un corset sous ses vêtements. Inconsciemment, le désir d’être une femme donna lieu à d’autres manifestations.

L’opposition et la jalousie infantile durent concerner alternativement le père et la mère. Ces manifestations entretiennent des rapports bien connus avec des fantasmes de mort et de castration. Ces derniers sont tantôt actifs, tantôt passifs. Les fantasmes actifs de castration ont pour objet la mère que l’imagination infantile munit d’un sexe masculin. Les fantasmes passifs répondent au désir des patients d’être une femme. Ils tirent leur origine du temps où prévalait la conception que la femme a été privée du pénis qu’elle possédait, par castration. Toutes ces représentations jouent un grand rôle dans les rêves du patient. Il doit amputer le doigt d’une femme. Ou bien réaliser une opération sur un homme (père), puis la mère l’aide à coudre la plaie. Dans d’autres rêves, un enfant doit être décapité. Enfin, parmi les rêves répétitifs, celui ou le patient est poursuivi par un homme armé d’un couteau. Cette insistance sur le complexe de castration montre la puissance initiale des pulsions sado-masochiques.

La castration signifie non seulement l’émasculation, mais de plus une représentation particulière qui a toujours suscité l’intérêt du patient : c’est l’idée de ne plus pouvoir uriner à la suite de la castration. Cette idée conduit à un autre complexe de représentations.

Les névrosés dont les zones urétrale et anale sont plus spécialement érogènes ont une tendance à la rétention. Il en fut ainsi dans le cas que je présente. Ses souvenirs d’enfance tournaient surtout autour d’activités plaisantes de ce type. Le symptôme névrotique de la miction fractionnée4 est en relation avec de telles activités.

De tout temps le patient a imaginé des situations où il faut se retenir. Ainsi il s’imaginait ligoté par des indiens, attaché au poteau du martyre et contraint de garder le contenu de sa vessie et de son intestin. Ici on trouve de plus un élément masochiste. De même une de ses représentations privilégiées était celle d’une expédition polaire, où un froid effroyable empêchait, même pour un instant, d’écarter les vêtements pour se soulager.

Ces thèmes influençaient les essais de ligotage ; précisément ils étaient exécutés aux W.-C. D’ailleurs ces entraves, dont le rôle dans les représentations des sadiques et des masochistes est bien connu, accédaient à leur signification par l’articulation associative avec les fonctions d’excrétion. Le laçage étroit du corps exerçait sur les intestins et la vessie une pression qui donnait au patient une sensation voluptueuse. La première fois qu’il porta un corset il eut des érections suivies de miction.

Certaines habitudes auto-érotiques comportant l’étranglement des organes génitaux jouèrent également un grand rôle dans ses pratiques d'enserrement (corset, chaussures).

L'importance extraordinaire de la zone anale s’exprima dès l’enfance, où cette zone donnait lieu à une activité auto-érotique particulière : le patient s’accroupissait de telle sorte que son talon exerçait une pression sur la région anale. Dans les souvenirs correspondants nous trouvons l’association directe du pied et de l’anus. Le talon sert d’organe masculin et l’anus d’organe féminin.

Cette relation fut renforcée par les jouissances olfactives coprophiles du patient. Son auto-érotisme trouve une satisfaction importante aux odeurs de ses excrétions. Les émanations cutanées, génitales et celles des pieds l’excitèrent précocement. C’est ainsi que le pied put prendre une signification génitale.

Mentionnons à propos de sa coprophile que bien des rêves du patient se déroulent dans les W.-C ou bien satisfont, à travers une symbolique transparente, des aspirations érotiques anales. Une image onirique caractéristique est celle où il introduit son nez entre deux hémisphères. J’ai déjà dit que le voyeurisme concernait avant tout les excréments. Le père et le frère apparaissent souvent dans de telles situations. Le symbole de l’eau est fréquent dans les rêves. Ainsi, dans un rêve, le patient en bateau avec son frère, traverse un port. Pour en sortir ils doivent franchir un passage semblable à une maison construite au-dessus de l’eau. Ils atteignent la pleine mer, puis brusquement la terre et parcourent la rue avec un bateau sans toucher le sol. Ils voyagent en l’air, un policier les observe. Quelques remarques seulement à propos de ce rêve : le double sens du mot port (pot dans certains dialectes) et l’allusion concernant le mot bateau terme vulgaire pour la miction. Le passage à franchir pour sortir du port rappelle les colonnes en biseau du temple de Philae. Une autre idée : « le colosse de Rhodes », un homme qui surplombe de ses jambes écartées l’entrée du port de Rhodes. Il évoque pour le patient l’attitude toute semblable du père qu’il a vu urinant. Le voyage en commun avec le frère où le bateau croise en l’air rappelle un souvenir d’enfance, le concours classique de la miction entre garçons. Il faut noter le caractère exhibitionniste de ce rêve. La miction se déroule devant les yeux du policier, d’expérience nous savons que les personnages qui surveillent en rêve représentent le père.

Le matériel onirique très riche que le patient livra au cours de l’analyse comporte un grand nombre d’allusions de ce genre. La variété de ces rêves permet de conclure à une préoccupation voyeuriste coprophile, d’une intensité inhabituelle.

Notons que le patient présentait les traits de caractère de l’érotisme anal sublimé ; en particulier une économie méticuleuse et un grand amour de l’ordre.

Deux rêves que je rapporterai brièvement montrent combien le pied s’était substitué au sexe masculin pour ce patient. Une fois, en rêve, il porte des pantoufles, elles sont écrasées, de sorte qu’elles découvrent les talons. C’est là un rêve d’exhibitionnisme des organes génitaux. Les talons y jouent le rôle des organes génitaux des rêves exhibitionnistes habituels L’émotion du patient était en tous points semblable à la peur liée aux rêves exhibitionnistes typiques.

Dans un rêve du même genre, le patient touche une femme avec son pied et la salit. Ce rêve est compréhensible tel quel.

Ainsi l’intérêt pour les talons féminins s’éclaircit. Le talon de la chaussure correspond à celui du pied ; celui-ci a justement, par déplacement, la signification des organes génitaux masculins. Ainsi l’intérêt sexuel infantile se survit dans la prédilection pour le pied féminin, son revêtement et spécialement son talon - intérêt qui concerna naguère le pénis que le patient supposait à la femme.

Les faits rapportés ici ne représentent qu’une faible fraction de ce que l’analyse découvrit. Mais ils me semblent suffisants à apporter la preuve de la signification de substitut génital du pied. Le voyeurisme et la pulsion à sentir, dirigés essentiellement vers les excréments, subirent une transformation inégale. La pulsion olfactive fut refoulée pour l’essentiel. La pulsion à voir fut suraccentuée mais déviée de son domaine primitif, et idéalisée.

Ce processus qui n’atteint que l’une des pulsions en cause mérite le nom donné par Freud de refoulement partiel.

Depuis l’analyse approfondie de ce cas, j’ai eu plusieurs occasions d’analyser, à titre accessoire, des traits fétichistes chez des névrosés. Je pus vérifier l’identité de la signification des pulsions des pulsions qui m’étaient apparues comme fondamentales dans le cas que j’ai exposé. Cette uniformité des résultats m’évite de reprendre les particularités de ces analyses.

Que peut-on dire de l’effet thérapeutique de la psychanalyse dans les cas de fétichisme ? Je n’ai pas réussi à éliminer le fétichisme dans le cas rapporté, mais l’élucidation dans l’analyse a privé l’anomalie sexuelle de la domination qu’elle exerçait jusque-là sur le patient. Le patient résistait mieux au charme des chaussures féminines. Au cours de l’analyse, des émotions sexuelles normales apparurent. Il n’est pas invraisemblable d’admettre qu’un traitement poursuivi de façon conséquente eut conduit à un renforcement de la libido normale.

Mais les chances me paraissent meilleures lorsqu’il s’agit de cas moins accusés, par exemple des manifestation fétichistes dans le cadre d’une névrose. Un cas que j’ai analysé récemment m’a permis de voir disparaître ensemble les symptômes de la névrose et le fétichisme pour faire place à un comportement sexuelle normal.


1 Jahrbuch, 1912, vol. 3.

2 Voir le concept de « déplacement » dans l'Interprétation des rêves.

3 Il se développa alors un symbolisme du cheval et de la girafe parfaitement identique à ce que décrit Freud (cf. l'analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans).

4 Miction bégayante, trad. littérale (N.d.T.).