Les effets « suggestifs » des médicaments dans les états névrotiques

Un patient me signale qu’il lui arrive souvent d’être dès la première rencontre le confident des secrets les plus intimes d’autres personnes. Il me dit avec émotion : « un homme me raconta ainsi qu’il ne se marierait jamais car toutes les filles le décevaient à la suite du premier rapport. »

Je fus frappé qu’il choisit cet exemple précisément. Voici les associations suivantes : « mon angoisse diminue parfois lorsque je vois une jolie fille dans le tramway, même si c’est une étrangère pour moi et qu’elle excite ma sensualité… se pourrait-il, docteur, qu’une sensation sexuelle chasse l’angoisse ? » (À la suite d’une remarque de ma part, il achève) : « lorsque je souffre d’angoisse, les médicaments m’aident d’autant mieux que je les porte dans ma poche et que je ne les ai jamais pris. Lorsque j’en ai usé, ne serait-ce qu’une seule fois, je suis régulièrement déçu. »

L’exemple du patient nous est devenu compréhensible ; il s’identifiait avec l’homme effarouché par le mariage. Lui-même n’a jamais « usé » d’une fille. Son angoisse le fixe entièrement à sa mère : ce n’est qu’auprès de cette femme intouchable qu’il est délivré de son angoisse.